La traversée du Ruitor, à partir de Bourg St Maurice, en passant par l'Italie et retour par le vallon de Bella Comba était un rêve qu'il fallait réaliser. C'est une traversée qui nécessite un ou même deux bivouacs, comme on va le voir. On avait déjà essayé une fois, mais le mauvais temps nous avait amené à nous replier sur le refuge de La Motte, avec la Pointe d'Archeboc le lendemain, ce qui représente une très jolie ballade et une magnifique descente.

De Bourg St Maurice, on monte en voiture au village du Crot (1505), au-dessus de Ste-Foy-Tarentaise. Il y a un peu de portage, mais on peut chausser en dessous du refuge de la Motte. Pas d'arrêt au refuge, on continue jusqu'au col du Mont (2636), où nous nous octroyons une petite pose. Jean l'apprécie beaucoup comme le montre la photo.

La descente sur le Val Grisenche, en Italie, est facile et nous installons notre bivouac au fond du vallon (2150), à coté de l'Alpi Revera (anciennes casernes italiennes en ruine, comme il y en a beaucoup sur la frontière).

Le bivouac de l'Alpi Revera est superbe, totalement sauvage. Une soirée magnifique et la nuit au chaud dans la tente. C'est autre chose que le refuge de La Motte quand il est plein à craquer...

Traversée du Ruitor
Bivouac à l'Alpi Revera

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du bivouac Alpi Revera, on passe le col "Ricovero di Capitano Ricci (2 700)i. Une descente nous ramène à 2 400 et une grande traversée pour remonter vers le refuge Clea Scavarda (détruit).

Il fait très chaud et toute la journée, on entend et on voit passer au-dessus de nous l'hélicoptère italien qui transporte des skieurs au sommet du Ruitor. C'est l'Italie, un pays où le skieur est roi... On trouvera au sommet une véritable piste de descente.

Le refuge Scavarda, bien indiqué sur ma carte au 1/50 000 (qui date de 1887), n'existe plus. Comme nous sommes fatigués, qu'il ne faut pas descendre trop tard sur la glacier du Ruitor, que le temps semble se maintenir, nous décidons pour un bivouac.

Très joli bivouac, qui domine la vallée du Val Grisenche, avec un peu de neige la nuit malgré tout. Mais le lendemain est très beau et nous repartons avec des tentes un peu mouillées et donc lourdes.

Le sommet nous accueille magnifiquement. La vue est splendide. La descente vers le glacier du Ruitor apparaît immense.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le glacier du Ruitor est immense. Très large. Une bonne piste part du sommet, mais elle bifurque très vite vers le Val Grisenche. Le glacier est maintenant à nous. Il y a peut-être 20cm de neige fraîche de la nuit et c'est une descente de rêve qui commence. Il n'y a rien de plus exaltant que d'aborder une descente sur un glacier inconnu, avec une bonne poudreuse et pas de traces. C'est la découverte. Il faut rechercher le meilleur chemin. Cela se fait bien sûr avec la carte et l'altimètre, mais le flair compte beaucoup... Et la-dessus avec Xavier, nous sommes assez bons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le refuge est long à atteindre, après plusieurs bosses. C'est clair, il vaut mieux ne pas s'aventurer sur la glacier du Ruitor par temps de brouillard.

Après deux bivouacs et finalement un temps assez chaud (surtout dans la montée du Val Grisenche), nous avions une soif terrible et j'avais promis une tournée de bière avec une pasta italienne. En fait il n'y aura rien, le refuge n'étant pas gardé. C'est assez gênant, parce-que nos réserves de combustible se sont beaucoup amenuisées. Il reste peut-être suffisamment pour cuire une soupe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En attendant on fait sécher les tentes et on s'installe pour l'après-midi. Vers 4 heures, un petit groupe, Xavier en tête part en exploration vers la bergerie voisine. Miracle, ils arrivent à pénétrer dans cette bergerie : il y a un réchaud avec du gaz, un poêle, une table et des sièges. Il y a même des réserves de spaghettis. Finalement on va avoir nos pâtes, comme prévu !!! La soirée fut chaude et c'est le ventre bien plein que nous rejoignons le refuge. Les dortoirs ne sont pas tous ouverts, mais nous avons suffisamment de place pour occuper chacun 3 ou 4 couchettes (ce qui ne doit pas être le cas en été...).

La nuit est paisible et c'est bien comme préparation avant d'aborder la Bella Comba. Ce devait être le dernier point fort de la randonnée et ce fut bien un point fort. BellaComba, rien que pour le nom, je rêvais depuis longtemps de la parcourir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La montée de Bella Comba se passe de commentaires. Une neige poudreuse, cristalline. Pas une trace. Les lacs sont bien sûr complètement gelés et enfouis sous la neige. On profite de cette matinée splendide pour faire un petit sommet sur la droite après le lac de Bella Comba (2 729). Le col de la Louie Blanche ne pose pas de problème et la descente sur Le Crot est excellente. On rejoint sur la droite, juste avant le Crot, le vallon qui descend du refuge du Ruitor, et donc aussi la foule. Mais c'est la fin et pour nous, ce fut quatre jours de solitude pure. Exactement ce que nous recherchons. Cette randonnée restera un grand souvenir.

Et surtout il ne faut pas rater le petit restaurant au village du Crot, qui vous prépare des crozets locaux qui ne passent pas inaperçus.