Randonnée en Vanoise (16-20 avril 2008)
(Photos compactées pour raison d'espace. Pour obtenir les photos originales, me contacter)
J'ai beaucoup hésité à me lancer une nouvelle fois dans une randonnée de plusieurs jours. Cela devient de plus en plus dur, surtout quand il faut se lever chaque nouveau jour à l'aube et monter, monter sans fin... même si on essaye de limiter les dénivelés. Aujourd'hui je ne ferais plus la traversée du Ruitor par Val Grisenche avec deux bivouacs !
On a commencé, comme d'habitude depuis quelques années, par quatre jour à Larches, un séjour tout à fait sympa et relativement cool. Premier jour (après-midi) balade au-dessus du chalet dans la forêt pour redescendre par le Lausannier. Deuxième jour la Tête de la Platasse et le troisième, le vallon suspendu du Pis jusqu'au pied de la Tête de Fer. Le dernier jour nous a vu explorer le vallon du Riou Crachet que Jean avait envie de découvrir après en avoir tant entendu parlé. Excellente neige de printemps, même poudreuse au Riou Crachet!
Bien sûr le pastis était là sur la terrasse au retour de la balade !!!
Le circuit envisagé en Vanoise avait l'avantage de se concentrer sur deux refuges gardés, avec retour au point de départ, Val d'Isère. Le regroupement des participants fut compliqué mais s'avéra finalement très simple. Jean arrivait de Paris par le train du matin, j'avais rendez vous avec le gapençais Bernard à Aspres sur Buech, moi-même arrivant de Valbonne en voiture. Tous ces rendez vous se sont réalisés ! De Bourg St Maurice nous nous tassons tous les trois dans ma petite Clio pour se retrouver au Fornet, limite du déneigement. Il faut chausser au milieu des skieurs de piste et nous ne trouvons la tranquilité qu'après avoir passé le pont St Charles et s'être engagés à pieds sur le chemin d'été du Prariond (après avoir tenté le passage de la gorge). On rechausse en haut de la gorge.
Le refuge du Prariond est très sympa. Le gardien était là avec sa famille, deux gentils petits garçons. Il nous a logé dans un dortoir pour six où nous étions seuls. Très appréciable quand on est bien habitué aux ronflements des uns et des autres.
Le lendemain, la pointe de la Galise (un rêve de Jean) s'annonce bien. Le temps est beau et le site dévoile toutes ses splendeurs. C'est une longue montée qui se termine sur le plateau du glacier de Bassagne. Les derniers pas se font sur le rocher heureusement pas trop glacé. Vue magnifique. La descente est superbe au début, dans une bonne poudreuse qui date de quelques jours. On s'en aperçoit d'ailleurs plus bas quand cela devient une bonne croute qui nous oblige aux conversions.
Nous quittons cet excellent refuge après deux nuits et deux bouteilles de Mondeuse pour tenter la Gde Aiguille Rousse et le passage par le col du Montet. Au petit matin, le temps est encore avec nous malgré un vent assez fort. Il faut rejoindre le beau glacier des sources de l'Isère pour le sentir s'apaiser un peu. Nous sommes seuls et l'ambiance est au rendez vous.
Au pied de l'Aiguille Rousse, trop fatigué je décide d'abandonner le sommet et de rejoindre directement le col du Montet. Jean et Bernard continuent malgré tout, mais je les verrai finalement me rejoindre et ils ont bien fait parce que le temps se dégrade. La traversée en plein brouillard vers le refuge Carro n'est surement pas évidente. Il y a des barres rocheuses et même en y voyant, nous perdrons un peu de temps pour trouver le passage.
Le refuge Carro est extra. Refait à neuf, il offre des petites chambrées où nous sommes encore une fois tous les trois seuls. Mais surtout la gardienne, Véronique, est un amour. Elle est toute jeune, elle aime son refuge comme s'il lui appartenait. Je ne pensais pas qu'une jeune fille puisse aimer rester des semaines toute seule perdue dans la montagne enneigée. Son copain monte la voir de temps en temps, les weekends. Elle a arraché ce gardiennage au CAF de haute lutte nous a-t-elle raconté et elle ne semble pas prête à abandonner. Elle a même approvisionné une petite bibliothéque, ce qui est très sympa pour passer les après-midi en attendant le repas du soir. repas excellent d'ailleurs, toujours bien arrosé de Mondeuse (encore deux bouteilles !).
Le premier jour au Carro sera consacré à l'ascension de l'Uja, sommet recommandé par Véronique en remplacement de la classique Levanna, inaccessible cette année par manque de neige (soufflée par le vent).
Le groupe de suisses très sympa avec qui nous avons diné la veille redescend directement sur la Dhuis et Bonneval. On les voit s'enfoncer dans le brouillard. Je les imagine passant à côté du chalet d'alpage de la Dhuis d'en Haut où j'ai beaucoup de souvenirs lors de nos séjours en été.
Nous partons un peu après, mais le brouillard est toujours là. Il se lève petit à petit laissant apparaître le lac du Carro sur lequel nous avions tendance à tourner en rond...
Encore une fois je ne pourrai pas terminer laissant ce soin aux autres. Mais la descente est excellente. Il a neigé la nuit et c'est une poudreuse de rêve. Jean s'en donne à coeur joie et sa godille fera de l'Uja un souvenir.
Le dernier jour nous devons rejoindre le col de l'Ouille Noire pour basculer sur les pistes de Val d'Isère. le temps est plutôt maussade, mais la visibilité se maintient et nous permet de trouver le chemin sans problème. L'autre côté est assez raide mais heureusement il y a une trace dans la neige profonde, ce qui lève le risque d'avalanche.
Une fois rejointe la piste, nous n'avons plus qu'à nous laisser glisser au milieu des anglais et anglaises qui semblent avoir envahi Val d'Isère. La voiture est toujours là et nous déchaussons à quelques métres.
Finalement cette version 2008 laisse de bons souvenirs et maintenant j'attends 2009 pour recommencer ! C'est difficile d'abandonner ces sensations extraordinaires que peut procurer la montagne. Le temps s'agrandit, tout devient long, chaque pas se mesure, c'est comme si on pénétrait lentement dans une cathédrale. Parfois la montagne se fait hostile, presque inhumaine, le vent, le brouillard, le froid vous agressent et il faut lutter pour survivre, d'autre fois c'est une explosion de beauté grandiose. Le ciel s'éclaire, le soleil vient vous réchauffer, le paysage s'ouvre à vos yeux émerveillés, tout semble devenir si facile ! Je vis chaque randonnée comme une aventure, cinq jours deviennent un mois, chaque détail prend une importance démesurée, tout l'esprit est concentré sur l'instant présent. Cela me libère des soucis quotidiens et du mal de vivre qui parfois peut m'atteindre.
Oui, je crois que je recommencerai encore en 2009. Même avec des ambitions limitées, la montagne reste toujours grandiose !