La traversée du Peclet Polset
...Attaque à fond...
(30 avril au 4 mai)
L'idée initiale était de descendre tout le glacier de Gébroulaz du dôme de Polset au refuge du Saut. De là on pouvait remonter par le col des Fonds. Malheureusement le refuge du Saut est privé et reste fermé en hiver. J'ai connu ce refuge il y a longtemps, lors d'un séjour dans un hotel de Méribel. L'hotelier avait emmené tous ses clients (à l'exception de quelques rébartatifs à cet essai de peaux de phoques) passer la nuit dans ce refuge, que l'on rejoint en partant du sommet de la Saulire. Ce fut très sympa et bien arrosé (l'hotelier et ses aides avaient apporté un nombre respectable de bonnes bouteilles), mais le lendemain nous ne sommes pas allés plus loin que le début du glacier. Pour cette nouvelle exploration du Peclet Polset, il a donc fallu se rabattre sur le refuge de Peclet Polset. Heureusement celui-ci était gardé à cette période et cela nous a permis d'économiser le poids de deux jours de nourriture (sans compter l'apport énergétique des bons repas concoctés par le gardien et sa jeune amie).
Cette fois nous étions entre nous, Jean Sanouillet, Bernard Bourrel et Jean-Pierre Onimus (l'auteur de ces lignes). Nous nous sommes retrouvés à la gare de Modane vers 14h (le TGV arrive à midi, mais Bernard a mis un peu trop longtemps à se décider pour venir de Gap en voiture...). Grâce à la voiture nous avons gagné 400m en montant jusqu'à Amodon (vers Aussois).
On espérait bien trouver de la neige vers 1700m, mais rien. Il faut monter le chemin d'été, assez raide, qui mène au refuge de l'Orgère en portant les skis. Le refuge de l'Orgère est situé à l'entrée d'un joli vallon. On peut y accéder en voiture en été et il y a beaucoup de petits chalets éparpillés dans le vallon. Le fond du vallon est très sauvage et fermé par un mur hostile, mais nous avons bien repéré le départ pour le col de Chavière. Le chemin part juste au-dessus du refuge. On a également pu voir le vallon de la Masse encore enneigé par lequel nous redescendrons dans 5 jours.
Dans ce vallon de l'Orgère, nous sommes complétement seuls. Ce n'est pas une traversée classique et il y a sans doute plus de monde au refuge Felix Faure... Mais c'est cela qui apporte l'ambiance à la randonnée!!!
La nuit est froide et il faut bien 4 ou 5 couvertures. En fait il y a bien un chauffage électrique, mais il ne marche pas (malgré les dires de la gardienne qui habite au Bourget, au-dessus de Modane).
Le lendemain, le portage va continuer un bon bout de chemin, jusque vers 2400m. Décidément la neige a bien fondu. Le chemin passe ainsi au-dessus du mur qui ferme le vallon de l'Orgère et nous rejoignons à skis le grand plateau qui mène au col de Chavière (2796m). Le temps n'est pas très beau, avec beaucoup de nuages en altitude. Le col est dans la crasse, mais 50m en-dessous on retrouve la visibilité.
De là une belle descente nous mène sans problème au refuge de Peclet Polset. Il y a une petite couche de poudreuse et comme il fait froid elle glisse bien. Une belle descente.
Le refuge de Peclet Polset est tout confort. Il y a même une douche, mais nous n'utiliserons pas ce moyen moderne. Il faut dire que cela coute 2,50euros et en plus il faut que le générateur d'électricité soit en route, ce qui est le cas seulement à partir de 18h. Mais le diner est le bienvenu avec un bon vin et des îles flottantes en dessert. Le gardien défend sa renommée. Avec son amie, ils sont très sympathiques.
La nuit sera bonne dans un dortoir pour nous trois. De toute façon il y a 10 autres personnes seulement dans le refuge, dont un guide qui parle non stop. Il a des aventures à non plus finir à raconter!!!
Réveil à 5h15 pour un petit déjeuner à 5h30. Cela est le fruit d'un consensus avec tout le refuge et je pense que c'est grâce à ce départ tôt que nous pourrons faire le tour du Polset comme prévu. A 6h nous sommes sur les skis en direction du col de Chavière. Il fait très froid et nous trouverons le soleil avec plaisir sur le petit sommet au-dessus du col (point 2992m). Il fait un temps splendide et froid. Il a sans doute neigé un peu durant la nuit et il y une petite couche de neige fraiche, cristalline dans le froid du matin. De ce petit sommet, il faut descendre sur le lac de Chavière. Nous sommes là sur un plateau suspendu, orienté à l'est, avec une vue magnifique sur la Dent Parrachée. La descente est merveilleuse, dans une neige toute fine qui scintille dans le soleil levant. Au lac, il faut remettre les peaux pour passer les lacs Café au Lait et rejoindre le glacier de Chavière. Lequel glacier nous ménera tranquillement au col de Thorens où nous retrouvons l'activité humaine avec l'arrivée du télésiège de Val Thorens.
Ces deux photos sont pratiquement les seules photos réalisées avec du soleil, les autres jours ayant été plutôt gris (pour ne pas parler de tempête).
Vous pouvez atteindre ces photos en format complet (non réduit) aux adresses suivantes :
Il y a beaucoup de monde qui monte au col de Gebroulaz. Ils arrivent tous de Val Thorens par le col de Thorens (télésiège). Ensuite ils redescendent le glacier de Gebroulaz, soit par le milieu soit en passant par le dôme de Polset. En général ils remettent les peaux en bas du glacier pour remonter au col du Borgne, d'où ils peuvent rejoindre facilement les pistes de Méribel et regagner Val Thorens. C'est une belle ballade quand on séjourne à Val Thorens.
Pour notre part notre objectif est de traverser par l'Aiguille de Polset et rejoindre le dôme pour descendre par le glacier de droite. Mais le temps s'est bien couvert et le col de Gébroulaz est dans les nuages. Aussi nous décidons pour une descente directe par le glacier du milieu. Après un départ difficile et raide dans la brume, on se retrouve sous la couche nuageuse et la descente s'avère finalement très bonne, comme on peut le voir sur la photo.
On rejoint le refuge de Peclet Polset par le vallon du col du Soufre sans problème. Arrivée vers 13h.
Après une bonne bière et le pique nique, Bernard, décidément en pleine forme (spécialiste de l'Attaque à Fond), décide de repartir pour passer l'après-midi sur les pentes du col de Chavière. Il fera bien l'aller retour, pendant que je me paye une bonne sieste. Notre tour du Peclet doit bien représenter 1200 à 1300m de dénivelé et cela reste dans les jambes...
La soirée au refuge sera assez arrosée. Le gardien part le lendemain et il faut qu'il vide son tonneau de bière. Aussi celle-ci coule à flot et Bernard, grand amateur, en profite largement. Et cela n'empêche pas de finir la bouteille de vin du dîner. L'ambiance est excellente.
Le lendemain, il n'y aura pas de photos... Le temps est exécrable, nuageux avec un petit vent glacial. Nous partons vers 7h pour traverser vers le col d'Aussois. Il faut rejoindre un petit plateau en face du refuge, au point 2507m. Cela commence par une descente en biais, puis une montée raide et extrémement ventée. C'est plus calme sur le plateau et encore mieux quand on passe la falaise de la Pointe de l'Observatoire. On arrive alors dans un gentil vallon qui se remonte sans peine et débouche sur un couloir assez raide. Bernard et Jean décident de le remonter à pieds, mais je continue à skis et finalement cela passe assez facilement, le seul problème étant les conversions. Il y a un manque de souplesse qui commence à se faire sentir avec l'âge... Le problème évidemment est alors d'attendre les deux autres dans le blizzard du col. Les opérations nécessaires pour monter à pieds prennent beaucoup, de temps.
Le col d'Aussois est juste derrière. On arrive à ce col tout rond et bien exposé au blizzard pour trouver deux randonneurs qui viennent d'Aussois. On descendra avec eux jusqu'au refuge d'Aussois, où ils ne ferons que pique niquer. Nous serons encore une fois tous seuls. Excellente descente dans une neige de printemps.
Le refuge d'Aussois est une vieille bergerie et un nouveau refuge est en construction un peu au-dessus. Bernard (spécialiste de l'Attaque à Fond) n'est pas bien chaud et aimerait continuer vers le refuge de la Dent Parrachée, mais nous restons.
Un premier travail va consister à déblayer la porte d'entrée du dortoir. En effet celui-ci est situé sous la salle à manger et on y accéde par l'extérieur (enfin, c'était l'hypothèse initiale...). Après ce travail de déblaiement, nous nous préparons une bonne soupe et des raviolis de Bernard.
L'après-midi sera consacrée essentiellement au feu. D'abord il faut réussir à l'allumer et il n'y a que du papier de revue qui brule mal. Ensuite il faut casser du bois et il n'y a qu'une masse pour cela (pas de scie, ni de hache). Ensuite il faut l'entretenir et trouver le moyen de lui faire chauffer la pièce. Finalement en laissant la porte du poêle ouverte, on arrivera à faire monter la température de la salle à 10°. Ce qui est bien pour un refuge.
Bernard tente son équipée d'après-midi (Attaque à Fond), mais il revient vite, la neige étant détestable (soupe). Il prend alors position devant le poêle et en réclame la maintenance compléte. Voir Bernard en pleine opération de maintenance du chauffage.
Pour ma part, ce sera une sieste et cela me permet de découvrir une trappe qui permet de rejoindre directement la salle de séjour. Le travail de déblaiement était finalement inutile et le passage au dortoir sera bien facilité.
Le lendemain, le temps est toujours couvert et il a même un peu neigé. Nous partons vers 7h pour rejoindre le col de la Masse et redescendre sur l'Orgère. C'est une jolie montée, avec une traversée sur les replats face au refuge de la Dent Parrachée.
Comme il ne fait pas très froid et qu'il est tombé un peu de neige fraiche, les conditions sont réunies pour une séance de bottes épaisses sous les skis. Sur les conseils de Bernard, nous pratiquons une opération jambon/saucisson sur les peaux. Bien badigeonnées, celles-ci ne devraient plus coller. Et effectivement cela marche!!!
Le col de la Masse (2923m) est dans la crasse et il n'est pas question de monter au Grand Roc (3316m), comme prévu. Aussi nous entamons directement la descente du vallon de la Masse.
J'avais un peu peur de la descente avec une neige qui n'a pas pu regeler durant la nuit, mais finalement la descente s'avère jolie (malgré le temps gris). La neige porte sauf vers le bas, où il faut faire un peu attention. On rejoint ainsi le bas du vallon et la fin de la neige. Il reste encore une petite descente à pieds sur le chemin et la traversée du vallon de l'Orgère pour rejoindre la petite chapelle et boucler enfin la boucle.