Randonnée vers le Mont Blanc de Cheilon (2005)
Rappel du programme (revu après constatation du manque de neige sur les Aiguilles Rouges)
Le programme a bien commencé pour Frédéric Bernard et moi, après un trajet sans problème et un excellent rösti à l'hôtel d'Arolla. Le dortoir est confortable et la nuit excellente.
Le lendemain la montée au refuge des Bouquetins démarre sous les nuages, mais ceux-ci ne tardent pas à disparaître. Après avoir gagné le fond de la vallée d'Arolla, on rejoint l'immense glacier d'Arolla qui monte tranquillement sans se presser. Nous ne passerons pas le col du Mt Brulé qui permet de rejoindre Zermatt par le col de Valpelline, l'objectif étant la cabane des Bouquetins face au splendide Mt Brulé.
La cabane est posée sur un piton et la dernière montée, un peu raide, est pénible…
Dans la cabane, il doit faire –10° et nous n'avons pas envie d'y séjourner pour le pique nique. Heureusement il y a un banc dehors, relativement abrité et face au Mt Brulé. Avec le soleil, cela va à peu près. Pendant ce temps, le poêle, que j'ai réussi à allumer, chauffe la cabane.
C'est vers 17 heures qu'on verra arriver les anneciens (Bertrand et son ami Michel). Evidemment ils sont dans une forme excellente (comment ne pas l'être quand on habite Annecy??!!) et ils sont montés en 3h30, alors qu'il nous a fallu presque 4h30! Le poids de l'âge pour moi et la nouveauté pour Frédéric...
Je leur annonce avec un certain masochisme qu'il n'y a pas de gaz dans le refuge (ou plutôt il y a beaucoup de petites bonbonnes, mais pas de bruleur!!!). Pour le diner le poële suffira, mais la perpective d'un petit déjeuner froid n'est pas encourageante pour la grande traversée prévue le lendemain.
Le lendemain sera effectivement très dur. Heureusement Michel, très débrouillard, réussit à rallumer le poële et le thé sera un peu tiède...
J'avais sans doute sous-estimé la longueur du trajet pour rejoindre la cabane des Dix. La carte suisse est au 1/50000 et nous sommes trop habitués à lire des cartes 1/25000… Au total cela va faire 1700m cumulé de dénivelé (mesuré par l'appareil de Bertrand qui additionne tout!). On commence par redescendre du piton où se trouve la cabane et on met les peaux au pied du col Collon. En fait on laisse le col Collon à gauche pour continuer la montée jusqu'au col de l'Evêque. Là le ciel se dégage et un beau soleil nous accueille pour la descente. Celle-ci sera très bonne dans une neige poudreuse à souhait.
Cette descente nous amène juste au pied de la cabane des Vignettes où j'aurais bien aimé passer la nuit. Mais il y a un programme et il faut continuer (by the book!).
Les dernières pentes pour rejoindre le sommet du Pigne d'Arolla seront très lentes à négocier, avec un arrêt toutes les 5mn. Seuls Bertrand et Michel attaquent à fond et arrivent au sommet une heure avant Frédéric et moi (après nous avoir attendu plusieurs fois dans la montée).
La longue descente sur la cabane des Dix est en bonne condition, avec une neige toujours poudreuse, mais la fatigue ne nous permet pas d'en profiter comme nous l'aurions voulu. Et je ne parle pas de la petite remontée pour atteindre la cabane!
La cabane des Dix est confortable, soignée amoureusement par son gardien, excessivement propre comme toutes les cabanes suisses. Avec le repas fourni, cela remet en forme.
Cependant le lendemain, je laisserai les autres continuer jusqu'au Mt Blanc de Cheilon, préférant soigner ma fatigue. Le col de Cheilon me suffira avec un petit sommet à coté.
Frédéric continue avec Bertrand et Michel et ils atteindront le sommet sans problème, malgré un passage un peu délicat à la verticale d'une énorme crevasse.
Il fait un temps magnifique et la descente sera superbe. Avec le gel de la nuit et le beau temps, la neige de printemps est au rendez-vous. Celle-ci tiendra jusqu'à Arolla et j'ai rarement vécu une si belle descente (au total un dénivelé de 1550m, tout à ski).
Elle se fait en deux parties avec un arrêt à la cabane pour récupérer le matériel que nous avions laissé pour faire l'A/R à La Luette. Ensuite il faut rejoindre le pied du col des Chèvres et grimper les échelles. Il est encore tôt dans la matinée (10h30) et la neige sera une neige de printemps jusqu'à la voiture. Superbe neige qui permet de zigzaguer entre les rochers et de faire lever des lièvres variables qui galopent en faisant des bonds immenses. Pour la dernière descente de l'année, ce fut vraiment une descente extraordinaire.
Après une si jolie descente, il fallait fêter cela. Bertrand a chargé tout le monde dans son carrosse et nous nous sommes arrêtés à Evolène dans le seul restaurant ouvert à cette époque. Encore un excellent rösti (plat de pommes de terre recouvert d'une épaisse couche de fromage du coin) et arrosé d'un petit Dôle local (ou de bière pour les accros). Frédéric s'est contenté d'une truite, son intestin étant un peu détraqué par la cuisine (ou l'eau) de la cabane des Dix.
Retour sans encombre via Genève et train pour Paris. Comme le dernier jour a été annulé (pas assez de neige vers la cabane des Aiguilles Rouges), il a fallu changer les billets de train, ce qui a entraîné des surcoûts (surtout pour Frédéric qui avait un prems, ce qui est à éviter dans les randonnées).
C'était paraît-il la première randonnée de Frédéric Bernard et je crois qu'il tient de son père. Il a résisté à la traversée Bouquetins-Dix et a réussi le Mt Blanc de Cheilon. J'espère qu'il en gardera un bon souvenir et qu'on le reverra l'année prochaine!! Pour le temps nous avons eu une chance extraordinaire. Les jours précédents étaient détestables avec de la neige et de la bise glacée. Le mauvais temps est revenu le lendemain de notre retour. Une chance qui arrive quelque fois!!! La période était aussi bien choisie, juste en fin de saison et après l'Ascension. Il n'y avait pas grand monde et les refuges étaient quasi vides (la cabane des Dix est toujours bondée d'habitude avec 130 personnes!).
Le dernier soir à la cabane est aussi le dernier repas de la saison servi par le gardien. C'est la fermeture jusqu'en juin. Aussi celui-ci nous offre un bon apéritif (vin blanc du Valais) et de l'alcool de prune après un bon repas.
Peut-être cela a-t-il contribué à la bonne nuit qui a suivi. En tout cas la forme est revenue et nous atteindrons tous les quatre le sommet de La Luette.
Très joli sommet avec une belle petite arête. Cette arête fera souffrir Frédéric qui a suivi les autres à ski. De mon coté, je préfère la monter à pieds.
Mais au sommet, une descente originale se dessine, qui évite de redescendre en dérapage sur l'arête. Finalement Frédéric s'en est bien sorti!
L'auteur et son fils Bertrand au sommet de La Luette
Au fond, le Grand Combin