Visite de Angkor
16-17-18 novembre 2002
(Sarah, Hélène, Monique, Bertrand, François,
Jean-Pierre)
Rappel sur Angkor
La période d’Angkor et de l’empire khmer s’étend de 800 (premier site de Roluos) à 1432 (abandon de Angkor pour Phnom Pen), soit 6 siècles. A cette période, l’empire khmer incluait le sud du Viêt Nam, le Laos, l'est de la Thaïlande et une partie de la Birmanie.
L’art et la religion sont marqués par l’influence indienne et le bouddhisme.
Chaque roi, considéré comme roi divin, a contribué au développement d’Angkor en construisant des temples dédiés à différents dieux hindous, complétés avec beaucoup de bassins. Un système d’irrigation très sophistiqué permettait d’alimenter tous ces bassins et de faire vivre la population d’Angkor[1].
Vers la fin du 12ème siècle, l’influence du bouddhisme s’est fait sentir et le roi JayavarmanVII a adopté le bouddhisme Mahayana. Cette influence se retrouve dans l’architecture et les sculptures du Bayon.
Angkor compte une centaine de temples construits en grès et en briques. Mais Angkor était une ville importante avec des maisons, édifices publics, palais. Tout ceci a disparu, étant construit en bois. La pierre était réservée aux divinités. Un temple type est constitué d’une structure centrale en gradins, qui représente une montagne (le mont Méru, qui a une signification symbolique). Au sommet se dresse le sanctuaire, avec généralement une ouverture à l’est et trois portes fictives aux autres points cardinaux. Cette configuration de base peut être embellie avec des tours d’angle (aux quatre points cardinaux) et un grand nombre de tourelles (aux portes et aux angles des murailles). Il y a dans ces tours une signification religieuse et astrologique. Les couloirs sont très étroits, du fait que les voûtes sont des fausses voûtes (blocs simplement posés et non agencés en voûte). Les khmers n’avaient pas acquis la technologie de la voûte.
Des informations sur les temples d’Angkor et l’histoire de l’empire khmère peuvent être trouvées sur le site de Cambodge Contact (AUF) réalisé par le Centre d'Accès à l'Information au Royaume du Cambodge[2]. Un autre site (amekhmer) intéressant fournit également des informations sur l’histoire de l’empire khmère.
Aspects pratiques
Nous étions logés dans un hôtel très sympa avec piscine (le Borann), sélectionné par des relations de François. Heureusement les chambres étaient climatisées, parce-que à Siem reap, il fait encore plus chaud qu’à Phnom Pen. Et en plus il y avait une piscine.
Une voiture taxi est à notre disposition pour la durée du séjour. Ceci est indispensable, les temples d’Angkor étant très répartis sur la zone.
On retrouve tout le groupe dans la piscine, vers 11h du matin, après la visite matinale. Et ce bain est vraiment le bienvenu ! Et particulièrement apprécié par Sarah.
Ensuite déjeuner dans un restaurant souvent thaï où la recherche du plat le moins épicé fait l’objet d’une constante préoccupation. Sauf pour Bertrand qui est une adepte de la cuisine thaï. Il faut dire que la cuisine thaï est très réputée (influence chinoise).
La visite de l’après-midi commence vers 15h.
A noter la maison khmère typique. Celle-ci est située juste à coté de l’hôtel. Toujours sur pilotis, la journée se passe en bas et la nuit à l’étage. On entre dans l’étage pieds nus. A noter que ceci est une règle de la vie cambodgienne. Pour entrer dans une maison (comme dans un temple bouddhique), il faut d’abord ôter ses sandales. On marche toujours pieds nus à l’intérieur. Chez François, tout le monde est pieds nus !. Il faut dire que le climat s’y prête. Mais cela rappelle le Canada en hiver, où on enlève ses bottes avant d’entrer dans la maison.
Les
danses des Apsaras
Il faut voir des danses classiques khmères. L’art de cette danse a été restauré et des écoles existent. Nous avons pu assister à un tel spectacle un soir dans un restaurant. C’est, je pense, absolument nécessaire pour imaginer ce que pouvait être la vie dans ces palais d’Angkor. Effectivement ces danseuses (Apsaras) sont représentées dans tous les bas reliefs des temples, magnifiquement vêtues et dont la danse est composée de ces gestes lents et si significatifs. Gestes des mains, des pieds, alors que le visage reste figé dans un sourire énigmatique. Un sourire à peine ébauché, et jamais ce sourire n’ira jusqu’à montrer les dents.
Il existe pourtant à Angkor Vat un bas relief qui montre une Apsara qui sourit avec toutes ses dents. C’est très exceptionnel et c’est sans doute un petit clin d’œil de l’artiste qui a voulu s’amuser.
Le musée de Phnom Pen
La plupart des statues qui pouvaient exister dans les temples ont été soit volées (Malraux avait lui-même essayé), soit stockées dans le conservatoire. Certaines sont présentées dans le musée de Phnom Pen et la visite de ce musée est très intéressante. A voir en particulier la statue de JayavarmanVII.
Le musée lui-même est particulièrement agréable, avec une sorte de petit cloître intérieur et un bouddha assis au centre.
Samedi
16 matin : Groupe de Roluos: Preah Kô, Bakong et
Lolei
Roluos est la capitale de Indravarman I (877-889). Les temples de Roluos marquent le début de l’art classique khmer, au IX siècle. On visite les sites suivants :
à PREAH KO (BŒUF SACRE) : Le Preah Ko (879), temple funéraire de Jayavarman II, fondateur des dynasties angkoriennes, et de ses ancêtres, se compose d'une plate-forme supportant six tours de briques alignées trois par trois sur deux rangs l'une derrière l'autre, au sein d'une enceinte carrée de plus de 100 mètres de coté. Le temple est normalement orienté à l’Est, les tours de la première rangée rappellent les ancêtres mâles, les tours arrières les ancêtres féminins. Inscriptions en sanscrit. A voir trois statues de Nandi (le boeuf divin) qui se dressent face à la première rangée de tours.
à
BAKONG : Le Bakong, (881) premier temple-montagne
connu. Il a été restauré en appliquant la méthode Anastylose
en 1936 par Marchal.
Il abrite un monastère bouddhiste en activité (au nord de l’entrée Est). Dédié
à Shiva, il est orienté à l’Est et comporte 8 tours. A remarquer,
les éléphants en pierre à chaque angle du temple central.
Première grande réalisation angkorienne en grès, un temple-montagne-cité délimité par deux enceintes successives alternant avec deux douves. En 1936, ce n'était qu'une butte de terre, un total chaos. Ce temple a été reconstruit pierre par pierre. Quelques 7 000 habitants devaient y résider. Le baray dit de Lolei (voir ci-dessous), asséché, lui était associé.
Sur le plan architectural, il est d'une limpidité parfaite, sans
recherche d'effets tels qu'en possèdent les temples postérieurs. Les escaliers
sont faits de marches confortables et les berges de chaque terrasse permettent
une circulation aisée. La vue et le cadre, si ce n'est la présence d'une pagode
attenante, sont des plus enchanteurs.
La ressemblance avec Borobodur (Indonésie, temple bouddhique antérieur de 50 ans) est étonnante. Borobodur est cependant deux fois plus grand et d'une décoration incomparable.
à LOLEI : Le Loleï (893)est situé au centre d'un baray asséché. Il en reste quatre tours de brique, fort délabrées, posées sur un immense soubassement à deux niveaux. La terrasse formée par ce soubassement est essentiellement occupée par une pagode et ses dépendances.
A voir des inscriptions en sanscrit et des sculptures en grès dans les niches du temple, avec de beaux bas reliefs représentant des Apsaras.
Commencé vers 877, terminé par Indravarman (9éme siècle) le baray de Loleï est le premier grand ouvrage hydraulique que nous connaissions. De taille colossale, c'est un rectangle parfait de 3.800 mètres de long sur 750 de large, construit entre des digues parfaitement rectilignes dont la hauteur varie de 2 à 5 mètres. Il pouvait contenir 10 millions de m3 d'eau pour un volume de terrassement de 1 million de m3. Il est alimenté par la rivière Roluos qui a été détournée à cette fin. Remarquons que, comme pour les autres barays, il est quatre fois plus long que large, qu'il s'insère perpendiculairement sur la pente de la plaine descendant vers le Grand Lac, petit côté du rectangle vers le point bas. Ces choix qui permettent d'emmagasiner un maximum d'eau par rapport à un volume minimum de terre à déplacer pour l'édification des digues.
Samedi
16
après-midi : autour du Baray oriental
à PRASAT KRAVAN : ce temple fut édifié en 921 pour le culte hindou. En partie restauré en 1968. Cinq tours en brique, avec des bas reliefs finement ciselés dans la pierre de grès.
A voir en particulier Vishnu avec ses huit bras dans la tour centrale sur le mur du fond. Sur le mur de droite il chevauche un garuda, homme oiseau (photo de droite). Sur le mur de gauche, il fait trois pas de géant pour s’approprier le monde[3]. Les tours septentrionales représentent Lakshmi, l’épouse de Vishnu (photo de gauche).
à PRE RUP : similaire au Mébon oriental, Pre Rup a également été construit par Rajendravarman II. A voir dans la tour sud-ouest le sanctuaire en brique avec des restes de plâtre et également les fines scultures sur les linteaux.
Le Pré Rup ("Tourner le corps") est donné par la
tradition cambodgienne comme un temple funéraire. Une grande cuve appareillée,
au pied de l'escalier Est, passe pour avoir servi aux crémations, dont celle de
l'homme aux
concombres. Il semble cependant que ce fut le centre d'une ville importante
après l'abandon de Ko Ker qui
fut, à l'occasion d'une révolution de palais, capitale provisoire.
Presque entièrement en latérite et briques, ce temple fut très difficile à dégager... Pyramide à trois gradins, de plus de douze mètres de haut, 50 de côté à la base et 35 pour la dernière terrasse. Très belle vue. Autrefois les murs étaient revêtus d'un mortier sculpté à base de chaux. Deux enceintes encerclent la pyramide. Dans la seconde se trouvent deux groupes de trois tours en briques, postérieurs à la pyramide. Les briques sont posées sans mortier, collées par un liant végétal.
à MEBON ORIENTAL : temple hindou, similaire au Pre Rup, érigé par Rajendravarman II (944-968) sur un îlot au centre du réservoir Baray oriental. C’est un temple-montagne avec des tourelles disposées en quinconce. A voir les statues d’éléphants harnachés, qui gardent chaque angle de la base du temple.
La photo de gauche est prise au coucher du soleil. La couleur ocre des briques en latérite donne une vision très particulière. Des travaux de restauration sont en cours sur deux tours.
à
à PHNOM BAKHENG : très classique pour voir le coucher de soleil sur Angkor Vat. Il faut monter en haut, mais c’est raide… C’est un temple-montagne de la première époque, construit par Yasovarman I (889-910). La pyramide comporte 7 gradins, avec 12 tours par gradin intermédiaire (5 gradins intermédiaires). Avec 44 tours à la base, 4 tours au sommet (4 points cardinaux) et la tour centrale, on a un total de 108 tours hors la tour centrale. Ces chiffres ont des significations symboliques : 7 gradins pour les 7 paradis hindous, 108 comme chiffre porte-bonheur. Ces nombres sont en liaison avec le calendrier lunaire.
Posé
au sommet (60 mètres) d'une des trois collines qui surgissent de la plaine
- tout comme les temples contemporains du Phnom Krom (137 m) au bord du Grand
Lac, et celui du Phnom Bok (235 mètres) au nord-est - il était le centre
de la première ville d'Angkor dont l'enceinte, aujourd'hui en partie recouverte
par la ville d'Angkor Thom, faisait quelques 12 km de pourtour. C'est le premier
temple construit sur le site.
C'est un temple-montagne, réplique du Bakong, comportant quelques 109 tours sur cinq terrasses carrées et régulièrement décroissantes. La première fait 76 mètres de coté, la dernière 47. Cas unique : cette pyramide a été taillée dans la roche de la colline. Le sommet atteint les 13 mètres, mais les cinq tours sommitales ont disparu : les moines les avaient remplacé par l'ébauche d'un bouddha en pierre de récupération. Sa silhouette reste donc tronquée. De nombreux indices suggèrent que ce temple a été bâti sur les fondations d'un édifice beaucoup plus ancien.
Le Phnom Bakheng se fonde sur une subtile symbolique des nombres : 108 tours sont disposées autour de la 109 éme. L'observateur placé dans l'axe de chaque face ne peut en apercevoir que 33 à la fois. Tous ces chiffres ont un sens cosmique et religieux qui fait du Bakheng un véritable calendrier de pierre, une oeuvre à déchiffrer et à lire.
Les agences de voyage le font visiter au coucher du soleil... Si vous voulez avoir la paix, escaladez au petit matin ; c'est encore plus beau et vous serez seul !
En l’occurrence, nous avions décidé de suivre les recommandations des guides et nous sommes retrouvés vers 17h au pied de la colline. Un ancien escalier, très large mais avec des marches toutes disjointes et relativement hautes mène au sommet de la colline (60m de dénivelée). Comme nous étions en retard, une horde de gens en descendait. La recommandation de visiter le matin est vraiment la bonne.
Nous avons entamé la descente à la nuit (le soleil se couche très vite). Heureusement il y a un chemin utilisés par les éléphants et qui descend en pente douce en faisant des lacets. Sinon la descente de ces escaliers en pleine nuit sans lumière pourrait être assez épique ! Les éléphants sont proposés aux touristes pour monter au sommet de la colline.
Dimache
17 : Angkor Vat et Ta Prohm
à ANGKOR VAT :
L'apothéose classique : le plus soigné et le plus grand des temples de la péninsule indochinoise, un des dix plus grands monuments de l'antiquité, le symbole universel de l'art khmer. Mais Paul CLAUDEL, insensible aux magnifiques effets de perspective qui sont sa caractéristique majeure et exceptionnelle, n'y vit que "cinq ananas de pierre frangés de flammes".
Il a été construit par Suryavarman II en l’honneur de Vishnu. Il est orienté à l'Ouest, contrairement aux autres temples (l’ouest symbolisant la mort, mais étant aussi associé à Vishnu). Angkor Vat est donc vraisemblablement à la fois temple dédié à Vishnu et mausolée de Suryavarman II.
Une magnifique chaussée en grès traverse la large douve (190m) remplie d’eau et arrive à la porte Ouest du mur qui entoure le temple. La porte et les murs intérieurs sont richement ornés de bas reliefs représentant des Apsaras.
Après la porte, l’allée continue sur 475m, bordée d’une balustrade de naga. Elle mène à l’entrée principale du temple. Elle longe deux bâtiments dits « bibliothèques », puis deux bassins, dont l’un est utilisé traditionnellement pour la photo avec reflet du temple (voir ci-dessous).
Le temple est constitué de trois étages, chaque étage étant ceinturé par des galeries reliées les unes aux autres. Ces galeries forment des petites cours intérieures, avec des bassins pour le premier étage. A chaque angle on a une petite tour décorée avec des bas reliefs. Ces petites cours avec galeries sont comme des petits cloîtres et incitent à la méditation.
Les photos ici présentent une tour d’angle, un petite cour et la vue sur une tour d’angle prise du dernier étage (celui supportant la tour centrale).
Chaque étage est accédé par un escalier. Il y a quatre escaliers correspondant à chaque point cardinal. L’accès au dernier étage est particulièrement hasardeux. L’escalier est très raide (70°) et dessiné avec des marches étroites. La montée (et encore plus la descente) relève d’une escalade sérieuse (à quatre pattes !). Heureusement un escalier spécial a été arrangé avec une rampe pour le touriste moyen.
La tour centrale se dresse à 55m au-dessus du sol du troisième étage. Elle est décorée avec des bas reliefs. Au sein de cette tour, le sanctuaire central renfermait une statue en or de Vishnu, chevauchant un garuda (homme oiseau). Aujourd’hui Vishnu est remplacé par une statue de Bouddha et des bonzes proposent des bâtons d’encens pour l’honorer.
Il faut voir les bas-reliefs qui se trouvent à l’extérieur du temple central et se lisent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (commencer la visite par le coté ouest en gardant les bas reliefs sur la gauche) :
" La bataille de Kurukshetra : scène d’une bataille extraite du Mahabarata.
" L’armée de Suryavarman II
" Le paradis et l’enfer
" La Barattage de l’océan de lait : il s’agit de dieux et de démons qui fouettent la voie lactée pour en extraire un élixir d’immortalité. Vishnu est représenté dans la forme d’une tortue gigantesque.
" La porte de l’Eléphant : porte sans escalier, accessible à partir d’un éléphant.
" Vishnu à la conquête des démons
" Krishna et le roi démon Bana
" La bataille entre dieux et démons
" La bataille de Lanka (scène extraite du Ramayana)
à TA PROHM : le Ta Prohm est une vision unique au monde. Son principal attrait est d’avoir été délibérément abandonné à la jungle. On trouve ce temple dans l’état où les premiers explorateurs l’ont trouvé. Une ombre tamisée par la végétation drape le temple.
Les tours et les murs ne tiennent plus que grâce aux racines des arbres. Construit en 1186, c’est un temple bouddhiste dédié à la mère de Jayavarman VII. Des inscriptions ont montré que 80 000 personnes entretenaient ce temple, dont 615 danseurs.. ! C’est un enchevêtrement de tours et de couloirs étroits, avec des arbres plusieurs fois centenaires, qui dominent l’ensemble.
à PREAH KAN : construit par Jayavarman VII, il a sans doute servi de résidence temporaire pendant la construction d’Angkor Thom. Le site est très étendu, mais le temple lui-même occupe un rectangle fortifié de 700m sur 800m. Quatre chaussées bordées de divinités portant un naga donnent accès aux portes du temple. Comme la plupart des temples d’Angkor, l’entrée principale se situe du coté est, mais l’usage veut que l’on passe par la porte ouest. Du sanctuaire central, quatre longues galeries voûtées partent dans les quatre directions cardinales. Les murs intérieurs étaient en majorité enduits de plâtre.
Il faut parcourir le site jusqu’à l’entrée est. Il y a là un édifice à deux étages dont la fonction n’est pas encore comprise. Cet édifice est construit avec des colonnes, ce qui est particulier et donne un cachet méditerranéen inattendu.
Lundi 18 : Angkor Thom
à REMPARTS ANGKOR THOM : Angkor Thom est une ville fortifiée construite par JayavarmanVII, suite à l’invasion et le pillage d’Angkor par les Cham (1177). Elle couvre 10km² et est entourée de murailles de 8m de haut et 12km de long. Ces murailles sont ceinturées par une douve de 100m de large, dont les eaux étaient peuplées de crocodiles.
Cinq portes monumentales percent les remparts (2 à l’est et les autres sur les autres points cardinaux). Chaque porte, haute de 20m, est décorée avec des trompes d’éléphants et couronnée par 4 visages du bodhisattva Avalokiteshvara (chaque visage étant tourné vers un point cardinal). Devant chaque porte, on a 54 statues de dieux et 54 statues de démons (thème du barattage de l’océan de lait).
Dès la porte on voit apparaître la fameuse tête dîte de JayavarmanVII. Cette tête est sculptée à même la pierre (en grès) de la tour surplombant la porte. On va retrouver cette tête répliquée plusieurs centaines de fois dans les tours du Bayon.
à BAYON : le Bayon est un monde en lui-même où on pourrait rester des jours sans se lasser. Imposant temple du bouddhisme Mahayana, il a été édifié par l’un des plus grands souverains de l'empire khmer, Jayavarman VII (v. 1181-1218), au centre de sa capitale Angkor Thom
Il comporte 54 tours décorées chacune avec quatre visages monumentaux orientés selon les points cardinaux, aux yeux clos, au sourire bienveillant et méditatif.. Ce visage pourrait aussi représenter le bodhisattva Avalokiteshvara à la compassion rayonnante, le dieu créateur hindou Brahma à quatre têtes ou le roi protecteur.
Au total le visiteur peut circuler entre 216 visages qui ne cessent de le regarder avec bienveillance et de lui montrer sereinement l'horizon. A noter qu'à chaque instant du jour une tête est éclairée de face, l'autre est à moitié dans l'ombre, la troisième plongée dans l'obscurité et la dernière partiellement éclairée par la lumière qui réapparaît en un cycle infini. Chaque tour abrite une chapelle ou petit temple. La tour centrale, énorme, de 25 m de diamètre et culminant à 42 m, est de plan circulaire et comprend huit chapelles.
Son plan complexe présente deux enceintes rectangulaires concentriques, à galeries, entourant une haute terrasse au centre de laquelle s'élève à près de 45 m une tour-sanctuaire circulaire, cernée de chapelles. Le sanctuaire abritait une statue du Bouddha méditant sur le serpent (naga) Muchilinda.
Matérialisant la cosmologie bouddhique et hindoue, ce temple symboliserait la salle d'assemblée des dieux, située dans la cité céleste (Angkor Thom), où Brahma reproduit son image pour honorer le roi des dieux Indra (Jayavarman VII) et les trente trois dieux (les princes).
Ce gigantesque chaos de pierre est d'un effet bouleversant par son foisonnement et sa puissance plastique.
Surtout il possède d’extraordinaires bas reliefs sur 1200m. Il convient d’entrer dans le Bayon par l’est et d’observer les bas-reliefs en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Ces bas-reliefs représentent des images de la vie quotidienne mélangées avec des scènes de bataille, souvent navales et principalement entre Khmers et Chams.
Épisodes du règne, scènes de bataille, de la vie quotidienne et de cour sont illustrés sur les murs des galeries en bas-reliefs vivants et fourmillant de détails.
On repérera en particulier les dessins de chariots tirés par des buffles. On comparera ces chariots avec ceux qu’on voit aujourd’hui sur les routes. C’est exactement la même technologie. Ces chariots sont construits et attelés aujourd’hui de la même façon qu’il y a 10 siècles !!!
La sculpture bouddhique en grès, parfois en bronze doré, de l'époque du Bayon est une des plus belles réalisations de l'art khmer. Dans les temples, le Bouddha et diverses divinités du Mahayana côtoient des statues-portraits votives du souverain, de sa famille, de dignitaires, sous l'aspect d'Avalokiteshvara pour les hommes et de la Sagesse Prajnaparamita pour les femmes.
à BAPHUON : construit par Udayadityavarman II, il marquait le centre de la cité qui précéda Angkor Thom. A voir du coté ouest le mur de soutènement façonné en un bouddha couché. Le Baphuon est un temple montagne qui s’élève à 3m. On accède au Baphuon à partir du Bayon en longeant plusieurs bassins qui devaient servir aux ablutions royales.
LeBaphuon lui-même est inaccessible, en cours de restauration par les français. En particulier le bouddha couché a été entièrement démonté et sera remonté après consolidation des fondations.
à PHIMEANAKAS : Ce temple se situe au centre d’une enceinte qui abritait le palais du roi. Il ne reste rien du palais, à part deux bassins en grès qui étaient destinés aux ablutions royales. Il faut monter au sommet du temple, d’où on a une superbe vue sur le Baphuon.
Petit temple-montagne, à l'intérieur de l'enceinte du
Palais-Royal, dont il ne reste que trois niveaux. Très bel exemple
d'architecture trompe-l'oeil. Pour
monter, prendre l'escalier arrière (assez raide).
Autrefois s'élevait sur le dernier niveau un petit bâtiment cruciforme dans lequel, dit la légende, le roi s'unissait toutes les nuits avec un naga qui prenait pour l'occasion l'aspect d'une jolie femme.
Le récit de Tcheou Ta Kuan dit : Pour ce qui est de la Tour d'or à l'intérieur du palais (le Phiménéakas), le souverain va coucher la nuit à son sommet. Tous les indigènes prétendent que dans la tour il y a un génie qui est un serpent à neuf têtes, maître du sol de tout le royaume. Ce génie apparaît toutes les nuits sous la forme d'une femme. C'est avec lui que le souverain couche d'abord et s'unit. Même les épouses du roi n'oseraient entrer . Le roi sort à la deuxième veille et peut alors dormir avec ses épouses et ses concubines. Si une nuit le génie n'apparaît pas, c'est que le moment de la mort du roi barbare est venu; si le roi barbare manque une seule nuit à venir, il arrive sûrement un malheur.
Pour ce temple, il n’y a pas de photos, suite à une panne de batterie. C’est dommage parce-que ce petit temple est très joli, bien que abimé.
à TERRASSES ROYALES ET TEMPLES ALENTOUR : deux grandes terrasses à l’est du Phimeanakas : la Terrasse du Roi lépreux et la Terrasse aux éléphants.
" Terrasse du Roi lépreux : nommé ainsi parce-qu’une statue nue et asexuée se dresse au milieu. Elle représenterait un roi qui était lépreux. A voir les, murs de soutènement de la façade sur 5 niveaux, avec des statues d’apsara assises (nymphes célestes, en fait le harem du roi).
" Terrasse aux éléphants : longue de 350m, elle servait de tribune pour les cérémonies publiques. La partie centrale du mur de soutènement est ornée de garuda (démons). La parade des éléphants est représentée à chaque extrémité.
Ici aussi, il n’y a malheureusement pas de photos.
à
à THOMMANON : situé à l’est de la porte est de Angkor Thom, le Thommanon a été construit comme son voisin au sud (Chau Say Tevoda) au XII siécle. Il était consacré à Shiva et Vishnu.
On profitera de la voiture qui emmène François et Sarah à l’aéroport pour pousser une pointe à ce temple, avant de rentrer à l’hôtel pour un dernier bain et se préparer pour le voyage de retour.
Le Thommanon est un exemple type de la restauration par la méthode dite « Anastylose ». Cette méthode inventée par l’école française a été ici appliquée à la lettre par Bernard-Philippe Groslier. Elle consiste à démonter complètement le temple en ruine, en identifiant chaque pierre avec sa position. En effet les khmères sculptaient les pierres après montage et chaque pierre doit être remontée à son emplacement d’origine. Après avoir consolidé les fondations, on procède à l’opération de remontage. Toute pierre manquante est remplacée par une pierre identifiable.
Bernard-Philippe Groslier a réussi là une magnifique restauration. On a même reconstruit les plafonds dans les couloirs. Ces plafonds étaient initialement réalisée en bois. Ils ont été ici reconstitués en ciment moulé. Cela permet d’avoir une vision réelle de ces couloirs en rectangle autour de la tour centrale.
Thommanon comporte en particulier des bas reliefs d’Apsaras bien dessinés dans le grès.
On remarquera les pieds qui posent toujours problème au sculpteur (on retrouve un peu le même problème chez les sculpteurs égyptiens).
à
L’ELEPHANT
EN SORTANT DE THOMMANON
On se rappellera des éléphants qui circulent, en particulier pour monter les touristes en haut du Bakheng (100m environ). Ici on voit deux éléphants passer à coté du Thommanon. Le deuxième éléphant lâche quelques bouses, sous la forme de grosses boules rondes. Le cornac va descendre pour récupérer ces boules et les porter dans le fossé. C’est une preuve de civisme, qui pourrait être recommandée aux propriétaires de chiens en France.
PLAN SCHEMATIQUE
PLAN DE ANGKOR
[1] Ce point
est très controversé. La « cité hydraulique » décrite et argumentée
par Bernard-Philippe Groslier aurait assuré l’irrigation des rizières et permis
un accroissement significatif de la production. Mais d’autres archéologues remettent en cause cette approche.
L’ « hydraulicité » de Angkor serait exclusivement à but religieux
et symbolique.
[2] Les
textes marqués en bleus sont des URLs vers des sites Web. Pour y accéder, il
faut avoir le document Word chargé sur un PC connecté.
[3] Une incarnation
de Vishnu est le nain Vamana, qui reconquit le monde dont s’était approprié
le démon Bali. Le nain demanda au démon un lopin de terre sur lequel il
pourrait méditer, arguant qu’il n’avait besoin que d’une parcelle qu’il
puisse traverser en trois enjambées. Le démon accepta et vit le nain se
transformer en géant et arpenter le monde en trois foulées ; Depuis
Vishnu est parfois surnommé « la grande enjambée ».