Retour Espace Jean-Pierre

 

Randonnée Onimus
2011
Traversée de la Marguareis

 

 

(pour voir, les photos, cliquer sur les textes soulignés en bleu)

 

Participants

Les seniors :

                                 Jean-pierre

                                 Michel

                                 Michelle

                                 Odile

                                 Henri

                                 Marthe

Les invités :

                                 Anou Veisse

Les juniors :

                                 Julien

 

 

Il y a quelques années, Henri et moi avions essayé d’atteindre la Marguareis en partant du col de Tende. Malheureusement la longueur du trajet sur la crête frontière nous avait fait renoncer. Mais en arrivant au col du Seigneur, nous avions découvert un refuge : le refuge Don Barbera.

La Marguareis restait donc à faire. Alors pourquoi pas partir de Saorge et suivre toute la crête frontière depuis le col de Muraton (chemin de communication avec Pigna au Moyen-Âge) jusqu’au col de Tende en passant par le refuge Barbera et même en profiter pour descendre à Limonetto et revenir par Casterino (où l’auberge de la fille Hugard pouvait nous accueillir). Ce cheminement sur la frontière avec la Ligurie puis la Lombardie a même un nom : la Voie Alpina.

Le transport aurait pu se faire en train (départ de Mouans Sartoux pour Saorge, retour à partir de St Dalmas de Tende !), mais à la réflexion nous avons trouvé le train trop cher et nous nous sommes rabattus sur la classique voiture avec un positionnement préalable à Castérino (dommage : comme le mari de Murielle, la sœur de Christine, j’adore les trains ! Et celui de la Roya est vraiment spectaculaire !).

 

Lundi 1 août

Journée consacrée au transport. Une premier groupe, constitué avec Henri, Michel, Michelle, Jean-Pierre et Julien doit aller chercher la clé du refuge San Remo (non gardé) à Triora (Henri craint de ne pas la trouver au refuge Allavena…). Nous en profitons pour nous arrêter à Taggia et visiter le couvent des dominicains qui abrite de précieux tableaux de Louis, Antoine et François Brea, Giovanni Canavesio, Gregorio de Ferrari. Les exposés d’Henri sont toujours très suivis et nous apprécions !

A Triora, nous trouvons la clé du refuge dans une boutique qui rappelle l’affaire de sorcellerie qui bouleversa ce village au XVIème siècle (voir wikipedia). La boutique est spécialisée dans tout ce qui touche la sorcellerie : figurines de sorcières de tout poil, chouettes, masques, etc. bref le monde de Harry Potter. Heureusement la clé du refuge semble réelle !

Ensuite il faut rejoindre La Brigue en passant par le col de Sanson (1694) que nous retraverserons deux jours plus tard à pied. Pourquoi ne pas bivouaquer là, se demande-t-on ?

Finalement nous rejoignons Marthe, partie avec Odile et Anou, au gîte de Saorge. Adorable petit gîte et adorable hôtesse qui nous prépare un bon repas pendant que nous attendons le retour de Marthe et Henri partis déposer une voiture à Casterino. Le repas sera savouré avec plaisir, d’autant plus que nous ne savons pas encore ce qui nous attend le lendemain.

Mardi 2 août : Saorge – refuge Allavena

La journée commence délicieusement par une petite balade sur le chemin qui mène aux terrasses de Saorge et ses casouns (petites maisons de berger). Adorables petits jardins, maisons sauvages, forêts d’oliviers où habiter là semble un rêve. Nous poursuivons ainsi jusqu’à la chapelle Ste Croix avant de redescendre et rejoindre enfin le vrai départ de la balade. D’aucuns diront que l’on aurait peut-être gagné du temps en prenant directement la route, mais comment oublier les jardins de Saorge (jardins généralement entretenus par les hippies qui ont colonisé Saorge il y a quelques dizaines d’années).

Le « vrai départ » commence au pont de Castou sur la Bendola. C’est un ancien chemin muletier qui reliait Saorge à Pigna et la vallée de la Nerva. Ce chemin commence par remonter les gorges de la Bendola, des gorges sauvages où aucun autre chemin ne pénètre. Il monte dans la forêt en petits lacets ce qui donne l’impression qu’ils ne s’arrêteront jamais. Mais un replat se dessine et soudain nous débouchons dans le soleil : c’est la Madonina. Tout le monde se retrouve là, ceux qui montent tranquillement en savourant l’effort et ceux qui n’imaginent même pas se retrouver à la queue derrière tout le monde…

Il reste à joindre le col de Muraton qui n’est plus très loin. On imagine alors bêtement que la moitié de la course est dans la poche. Quelle monumentale erreur !

Bien sûr il y a une certaine dispute sur le chemin à suivre, d’autres chemins ayant vu le jour sans que la carte prenne la peine de les référencer. Mais finalement le col de Muraton (1157) est franchi, un col de grand passage vers Pigna. Mais notre objectif n’est pas de descendre vers Pigna comme les caravanes de sel au moyen âge, il est désormais de suivre la crête frontalière jusqu’à la Marguareis et même jusqu’au col de Tende.

La photo du pique nique sur le chemin juste après le col du Corbeau (1404) reflète un état avancé de fatigue, d’autant que le soleil tape dur. Pourtant la journée est loin d’être terminée ! Heureusement le café est là, dûment préparé par Henri selon la tradition.

Du col du Corbeau nous continuons toujours du côté italien. L’excellent chemin aménagé par les militaires italiens chargés dans les années 1930 de transformer la crête en ligne Maginot nous amène après une nouvelle rude montée au pas du Mt Torrage (1821). Le sommet est à 120m au-dessus, mais nous renonçons sagement à le gravir. D’ailleurs le chemin qui bascule du côté français est merveilleux : un chemin en balcon qui domine les gorges sauvages de la Bendola, gorges inaccessibles où pas un chemin n’existe.

A partir de là, c’est garanti, il n’y a plus qu’à descendre pour rejoindre le refuge Allavena et la douche chaude dont nous rêvons. Heureusement parce que les gourdes sont quasi-vides et nous ne pouvons pas imaginer une nouvelle montée sans eau fraîche. La suite montrera qu’il ne faut jamais trop se fier aux cartes, surtout quand celle-ci se mélange avec une carte italienne.

La descente commence quand même comme prévue jusqu’au Pas de l’Incise (1684), une faille très étroite taillée dans la montagne. Comme nous n’avons pas vraiment l’intention de gravir le Mont Peïrevieille (2038), nous rebasculons en Italie par un petit chemin qui descend en tortillons dans un ravin plutôt raide. Une falaise nous domine à gauche dont on ne voit pas la fin, faudra-t-il donc descendre tout en bas pour remonter ensuite ? Quel cauchemar ! C’est alors qu’apparaît ce chemin carrément taillé dans le rocher, un chemin qui traverse toute la falaise et conduit à un petit replat où je distingue les Michels, toujours en avance.

L’affaire semble donc bien engagée sauf que, après la traversée de la falaise, le chemin se met à monter en lacets ! Et ça, ce n’était pas prévu. D’ailleurs les gourdes sont toutes vides, les dernières gouttes ayant été bues sur le joli petit replat des Michels. C’est donc la gorge de plus en plus sèche que nous reprenons la montée. Le soleil tape dur, la bière fraîche du refuge semble encore bien loin ! C’est alors qu’au détour du chemin nous découvrons une source qui sort du rocher. Le rêve ! Un petit filet très froid sur lequel nous nous précipitons pour remplir les gourdes. Mais attention à l’eau trop froide, cela peut tordre l’estomac…

Nous arrivons finalement au refuge Allavena à 7h30, juste pour mettre les pieds sous la table. Je n’ai jamais autant apprécié la bière fraîche, le repas arrosé d’un bon Barbera et la douche chaude pour clore le tout ! Le refuge est loin d’être plein, nous avons un dortoir pour nous seuls avec douches et toilettes. Comme des coqs en pâte !

Mercredi 3 août : refuge Allavena – refuge Sanremo

Le petit-déjeuner commence par une mauvaise nouvelle : il n’y a pas d’eau potable au prochain refuge, le refuge Sanremo, un refuge non gardé situé sur la crête du Mont Saccarello (2200). Nous achetons donc des réserves de bouteilles et c’est avec 3 ou 4kg en plus dans le sac que nous abordons la deuxième étape de la randonnée.

Sur la photo jointe, prise à la sortie du refuge Allavena (1545), on aperçoit sous le sommet du Mont Grai le refuge Grai installé dans une ancienne caserne. Refuge que nous avons évité parce que non gardé (on en a déjà un non gardé, alors cela suffit !).

On commence donc par rejoindre notre fameuse crête au col Bertrand (1961). Nous dédaignons de gravir les 60m menant au Mt Grai sauf Michel et Julien qui ne veulent rien perdre de la crête… Un dernier coup d’œil sur le refuge Allavena dans la forêt et son lac de barrage puis nous empruntons la route des crêtes. La carte donne l’impression que la frontière suit la route et que celle-ci se situe juste sur la crête. En fait non ! La route chemine en dessous de la crête du côté italien bien qu’elle soit marquée comme frontière. Les militaires français, trop contents de récupérer les fortifications italiennes parsemées sur la crête, se sont aussi débrouillés pour récupérer la route. Ainsi on voit des bornes frontières datées de 1947 qui mettent la route en France bien que nous soyons du côté italien. Bêtise absurde à notre époque.

Nous croisons des troupeaux de vaches généralement blanches, chaque troupeau disposant de son taureau bien reconnaissable à sa couleur noire. Les bergers occupent les anciennes casernes où les militaires attendaient l’invasion française… Comme Julien et Michel ne nous ont toujours pas rejoint nous faisons halte sous la Tête de la Nava (1939) pour les attendre. De là partent trois chemins : un vers la Tête de la Nava, un vers le col de l’Afel et le bon qui rejoint le col de Sanson. Bien sûr nous enfilons celui du milieu. Il faut dire que dans la forêt on voit mal la crête et ce chemin semble convenir. Au col de l’Afel, il y a bien une borne marquée sur la carte (n°256) mais personne ne prend la peine de sortir sa carte ! Pourtant, à part Anou, Odile et Julien, tout le monde a sa carte ! Donc nous commençons à descendre sur cette fausse crête en suivant un chemin forestier très raide. Finalement nous apercevons la vraie crête à travers les arbres… Il faut donc remonter, ce qui ne plait pas du tout à Marthe qui tente quand même de continuer, mais sans résultat. Des forestiers indiquent un chemin de traverse qu’Henri s’échine à dénicher sans succès… Nous perdrons ainsi une bonne heure à nous balader sous la Tête de la Nava avant de rejoindre enfin le col de Sanson (1694). Le pique nique est alors décidé à cet endroit plutôt que de pousser jusqu'au Pas du Colle Ardente (1617). Pourtant le plus gros reste à faire : grimper au Mont Saccarel (2200).

Il faut prendre son mal en patience, la montée est agréable finalement, pas trop de soleil et une belle vue. Des petits replats permettent des pauses bienvenues. Nous arrivons finalement au sommet dans le brouillard et un vent froid qui nous gèle. Heureusement le refuge situé sur la crête (la photo est prise le lendemain matin) qui descend vers la Ligurie (c’est l’Alta Via dei Monti Liguri) nous accueille chaleureusement. Un couple d’allemands, partis en même temps que nous, ont déjà pu allumer un bon feu dans le poêle. Ce refuge s’avérera d’ailleurs très bien équipé. Il y a même des bouteilles d’eau potables qu’on peut acheter 1€, des bouteilles sans doute approvisionnées par le responsable du refuge. Mais pour la cuisine nous utilisons l’eau de la citerne.

Le repas, basé sur les lyophilisés de Décathlon ou Bolino pour Marthe qui reste traditionnelle, ne vaut pas le repas du refuge Allavena mais l’ambiance y est ! Le summum sera atteint avec la tisane d’Artemisa soigneusement préparée par Michel dans la moitié d’une bouteille d’eau (sachant que le métal détruit toutes les propriétés miraculeuses de cette plante aromatique déjà cultivée par les chinois il y a quelques milliers d’années). L’Artemisa est préconisée contre le paludisme, la goutte, les inflammations, l’arthrose… bref une tisane à tout faire !

Jeudi 4 août : refuge Sanremo – refuge Barbera

Ce sera une longue balade de crête, juste sur la frontière, quoiqu’en général en France puisque que les militaires français ont récupéré les crêtes en 1947. Intérêt stratégique évident ?!!

De concert avec le couple d’allemands (qui redescendent en Italie par la voie Ligure), nous quittons le refuge Sanremo à l’aube après l’avoir soigneusement fermé. Ce refuge a une position magnifique juste sur la crête et la vue au petit matin est splendide. Nous en profitons pour repérer notre cheminement de la veille depuis le refuge Allavena, on voit même le Mt Pierrevieille ou Torrage où nous avons souffert lors de la longue première étape.

Au Pas de Basera (2041) on rencontre un berger qui s’occupe d’un troupeau de 2000 moutons. Curieusement il vient de Puget-Théniers dans la vallée du Var. Sa bergerie est installée dans les anciennes casernes de l’armée italienne, du moins celles qui n’ont pas été détruites après le transfert de la frontière. Ses moutons restent normalement du côté français et il regarde avec mépris les Italiens avec leurs troupeaux de vaches. C’est clair : les Français sont plus portés sur le mouton, les Italiens sur la vache. Bien sûr on entend parler du loup…

La crête se poursuit par le Mt Tanarel (2094), le Pas du Tanarel (2045) parsemé de ruines de casernes, la Cime Ventôse (2137) que nous évitons. Par contre les Michels et Julien n’hésitent pas à gravir la Cime Missoun (2356). Le chemin de crête continue ainsi jusqu’au Colla Rossa (2175) laissant apercevoir d’un côté La Brigue et de l’autre des vallons italiens peuplés de vaches.

Au Colle Rossa (son nom vient des pierres rouges qui affleurent), nous rencontrons des Italiens qui montent d’Upega, le village en dessous. L’un d’eux me fait remarquer que la borne française indique 2175m et la borne italienne jusqu’à côté 2180. L’Europe est encore loin d’être achevée quand nous ne sommes même pas capables d’utiliser un point de référence géodésique commun.

Ces Italiens vont au Mt Bertrand (2482) et nous décidons de les suivre par la directissime. Un peu raide par moments mais finalement nous arrivons au sommet. Une photo MMS est immédiatement envoyée à Bertrand. Le pique nique aura lieu juste en dessous, à l’abri du vent.

La fin de la course sera tranquille avec une jolie descente toujours sur la crête frontalière jusqu’au col de la Celle Vieille (2099) en passant par la Cime de l’Evêque où un groupe de scouts en balade se sont réunis pour chanter. Du col de Celle Vieille nous abandonnons notre crête pour un chemin qui remonte en biais, évitant ainsi la Cime de Pertègue (2404). Nous retrouvons notre crête au col des Seigneurs (2111) où se trouve le refuge Don Barbera bien sûr entouré de vaches (c’est le côté italien !).

Vendredi 5 août : la pointe de la Marguareis

C’est une journée tranquille, réservée à la Pointe de Marguareis (2650). Avec Henri, nous avions pensé qu’il n’était pas raisonnable de faire le même jour la Marguareis et rejoindre Limonetto par le col de Tende. Et nous ne pouvions pas rater la Marguareis une fois encore, il fallait assurer !

La Marguareis constitue un coin qui s’enfonce en Italie vers le nord/est. Après la frontière part à l’ouest pour rejoindre le Clapier et commencer à remonter vers le nord par le Corborant et le Tenibre. Malheureusement nous n’avons pas eu le temps clair qui nous aurait permis d’admirer la vue splendide, selon les dires des gens locaux (des Italiens arrivés au sommet avec nous).

La montée commence dans ce désert karstique que constitue cette enclave délimitée par la frontière. C’est un lieu privilégié pour les spéléologues. D’ailleurs ils ont un refuge dédié situé en plein milieu des gouffres. Nous avons rencontré de jeunes spéléologues en revenant de la Marguareis, ils nous ont affirmé qu’on descend jusqu’à –500m dans ces gouffres. Là en bas on trouve des rivières et des lacs. Mais en surface rien ! Seul un relief tourmenté dans lequel il faut faire attention de ne pas mettre le pied dans un trou. Sur la première photo, on voit le toit du refuge derrière une série de blocs karstiques, la deuxième montre ce désert torturé de pierre.

On arrive à un col, le col de la Galline. Là, deux chemins se présentent : la directissime ou la voie normale. Cette dernière s’enfonce dans un joli vallon sauvage et me tente, Michel suivi bien sûr de Michelle attaque la directissime avec Julien. Ceux qui restent se lancent dans la voie normale, un joli chemin parsemé d’edelweiss qui remonte le vallon sauvage jusqu’à un autre col. Là nous trouvons le brouillard et ce sera dans une ambiance ouatée et froide que nous parvenons au sommet. Dommage, des italiens montés avec nous nous parlent de la belle vue que nous aurions dû avoir, depuis la mer vers San Rémo jusqu’au Mt Blanc. Nous nous contentons donc de photographier la croix : une photo avec tout le groupe ensemble et une autre avec les filles.

Un petit abri nous permet de résister quelque temps au vent froid dans l’attente improbable d’une éclaircie. C’est alors qu’Henri à l’idée géniale de faire du café, un café que nous apprécions chaleureusement. Puis comme le brouillard n’a pas trop tendance à se lever (sauf du côté de Tende), nous envisageons la descente. Mais de quel côté ? La directissime de Michel ou la voie normale ? Heureusement la carte de Marthe propose une autre option : un chemin qui descendrait dans la face sud/ouest, une face raide où le cheminement n’est absolument pas évident. Heureusement ce chemin (inexistant sur le sol) est balisé de marques rouges. Il suffit donc de les suivre sauf que ces marques ont été tracées pour la montée. Il faut donc s’arrêter de temps en temps et regarder en arrière pour apercevoir la dernière marque et vérifier la direction. Un vrai jeu de piste auquel Marthe excelle. Une fois passés les moments chauds de la descente, le pique nique est le bienvenu. Sur la photo on voit la pente que nous avons descendue.

Retour au refuge Barbera pour une fin d’après-midi calme (mots croisés pour certains, lectures ou réussites pour d’autres).

Samedi 6 août : refuge Barbera – Limonetto (Arrucador)

Le lendemain le temps ne se présente pas trop mal. Heureusement parce que c’est une longue balade de crête pour rejoindre Limonetto en passant par le col de Tende. C’est encore notre crête frontière que nous allons suivre depuis le col de la Boaïra (2102) jusqu’au col de Tende (1871). On fait une petite halte d’adieu au col des Seigneurs avant de prendre le chemin qui descend dans les alpages pour contourner une grosse bosse. Michel a bien sûr ses idées sur le chemin ce qui l’amène parfois à des choix hasardeux que Michelle suit fidèlement. Avant la remontée au col de Boaïra, nous tombons sur un gros troupeau de vaches (en France pour une fois !) dont le taureau noir pousse des meuglements de mécontentements tout en grattant la terre avec sa patte. Nous préférons contourner largement ce troupeau pour rejoindre le chemin un peu au-dessus.

La crête que nous suivons après le col de la Boaïra nous permet une vue sur le Mont Bertrand où nous étions il y a deux jours et sur la Marguareis où nous étions la veille.

J’avais prévu un petit détour pour visiter le Fort Pépin (2284) où, paraît-il, il y a une belle vue sur Tende, mais inquiet de ma hanche je préfère le chemin direct sur la crête. Néanmoins Julien s’y engage bientôt suivi par Henri et Michel, comme le montre la photo. Ce fort est bien entendu en France comme toutes les fortifications qu’ont pu construire les militaires italiens. En fait ces grands forts (Fort Central, Fort Pépin, Fort Tabourde) datent du 19ème siècle. Entourés de douves avec un accès sur pont-levis, ils correspondent à un art militaire qui n’a rien à voir avec ceux similaires à la ligne Maginot. Mais les Italiens les ont complétés dans les années 30 avec des casemates plus au goût de l’époque. En septembre 1947, l'entrée en vigueur du Traité de Paris a pour conséquence de déplacer la frontière avec l'Italie vers le nord, en attribuant à la France La Brigue et Tende ainsi que le complexe entier des forts le long de la ligne de crête, suite à l'insistance de De Gaulle (référence wikipedia).

Tout le monde se retrouve au Fort Central situé un peu au-dessus du col. Une table d’orientation a été installée là pour mieux apprécier la vue. On remarquera le vent fort qui commence à souffler. Ce n’est pas un bon présage pour demain.

Mais le clou de l’étape sera l’arrivée à l’Arrucador, l’auberge que j’ai dénichée à Limonetto et qui se trouve juste sur le chemin Via Alpina qui descend du col de Tende. En fait ce chemin est une ancienne voie romaine pavée que l’on peut suivre jusqu’à Limone.

Perdue dans les alpages au milieu des vaches, cette auberge se situe au-dessus de la petite station de Limonetto. C’est un peu cher par rapport aux gîtes que nous avons fréquentés jusqu’alors, mais nous bénéficions d’un prix randonneur. Quand au service, il dépasse toutes les attentes ! D’abord nous sommes accueillis par une charmante dame qui nous propose des rafraîchissements. Installés sur la terrasse à l’abri du vent, nous demandons bien sûr de la bière, la boisson favorite en fin de balade, surtout quand celle-ci a été un peu longue… Et voilà qu’on nous apporte des bocks remplis d’une bière allemande délicieuse ! Nous apprendrons par la suite que la maîtresse de céans est d’origine allemande et donc s’approvisionne directement là où il faut !

Cette auberge est magnifiquement située dans les alpages au-dessus de la station de Limonetto. D’ailleurs on n’y accède pas en voiture. Le patron va vous chercher au parking de la station avec un 4*4. C’est ce qui est arrivé à Christine qui est venue nous rejoindre pour la soirée. Une longue route pour elle en venant de Valbonne, mais je crois qu’elle n’a pas regretté d’être venue !

Après la bière bienvenue, nous découvrons les chambres avec ravissement. Déjà chacun rêve de la nuit qu’il va passer dans des draps propres. Le décor a visiblement fait l’objet d’une recherche artistique où l’acier brut côtoie le bois et où chaque chambre a sa personnalité propre. On voit ici la chambre d’Henri et Christine et celle de Julien et moi, chacune avec un petit balcon.

L’apéritif rassemble tout le monde dans le salon (en fait nous occupons toute l’auberge !), quant au dîner, il restera dans l’histoire. Vive Walter, maître cuisinier !

Bref nous avons terminé là, en beauté, une longue randonnée qui nous a fait découvrir chaque jour des paysages et des aventures différentes.

Vendredi 7 août : retour sur la Côte

La nuit a été ventée, pluvieuse et le vent ne faiblit pas avec le lever du jour, apportant nuages sur nuages. Le petit-déjeuner fait l’objet de discussions complexes desquelles il ressort que nous abandonnons la dernière étape qui devait nous amener à Castérino en passant par le fort de Giaure et la Roche de l’Abisse (2755).

Pour nous consoler (et pour éviter un aller/retour à Henri que Christine doit emmener à Castérino pour récupérer la voiture déposée là), nous décidons de prendre le train à Limone, direction la gare de Saorge où rendez-vous est pris avec Henri.

Il faut commencer par descendre à Limone par la voie romaine. Un joli chemin qui évite Limonetto et arrive directement dans le vieux Limone. Quelle différence avec ce qu’on voit de la route : le vieux village est bien arrangé avec des voies piétonnières, plein de magasins et bien sûr des cappuccinos ! Nous visitons l’église et sa dernière peinture représentant le Christ nu devant une Marie-Madeleine un peu effarouchée.

La gare de Limone est comme toutes les gares C’est le train qui est spectaculaire ou plutôt le chemin de fer, le train lui-même étant super-moderne. C’est un chemin de fer comme on savait le faire au début 20ème siècle. D’abord on traverse le tunnel de Tende (8km), Tende et St Dalmas de Tende. Puis commence la longue descente du Saorge qui nécessite des lacets dans une débauche de tunnels et de ponts.

Curieusement la boutique de Limone nous vend des billets juste pour aller à la frontière qui se situe au milieu du tunnel ! Après nous ne savons pas… Peut-être serons-nous obligés de descendre dans le tunnel ! En fait il ne se passe rien et nous ne paierons pas de complément !

A Saorge nous récupérons la deuxième voiture. Nous profitons de la halte pour traverser le vieux village et visiter le couvent des franciscains. Nous apprécions le cloître avec ses cadrans solaires et le jardin qu’entretenaient les moines et dans lequel on devine les restes d’un aqueduc. Sur cette dernière photo on voit au fond les gorges sauvages de la Bandola dans lesquelles nous nous sommes enfoncés le premier jour de la randonnée.

 

 

 

Photos :          Jean-Pierre et Michel

Texte :            Jean-Pierre

 

 

Retour Espace Jean-Pierre