Cousinade à Gellin (28-29
août 2010)
(format imprimable : cousinade.doc)
Cette cousinade proposée par les Michel-le, c’était une occasion pour découvrir enfin ce pays de Gellin dont nous avions tant entendu parler. Quel mystère pouvait donc les retenir dans ce village perdu du Jura où, paraît-il, on a froid au mois d’août parce que c’est le seul mois de l’année où on arrête le chauffage ! Et à quoi pouvait ressembler ce chalet que Michel chauffe avec deux poêles et dont il approvisionne lui-même le bois chaque année avec l’aide un habitant du village dûment outillé ?
La fête s’est tenue dans une ancienne ferme transformée en colonie de vacances. Les fermes comtoises sont d’immenses maisons où se regroupent les vaches, le foin et les humains. Dans une telle maison, on pourrait mettre une dizaine de chalets de la dimension de celui des Michel-le. Mais n’anticipons pas.
Cette maison de vacances est très bien aménagée avec des chambres agréables pour deux personnes, des petits dortoirs, une belle salle à manger, salon, salle de danse et une cuisine adaptée.
Méfiant malgré tout, j’avais préféré l’hôtel que Michel avait réservé à Chaux Neuve (beaucoup de villages comportent le nom Chaux ?) à 8 km. Nous avons ainsi eu le plaisir de petit-déjeuner et de transporter pendant trois jours avec Ginette, la sœur aînée de Michelle, 80 ans, sœur-infirmière dans un couvent à Lyon.
Finalement ce fut surtout une cousinade Martin. D’abord bien sûr il y avait toute la famille des Michel-le. Même Nicolas avait pu venir et son adorable petit Paul ainsi qu’Olivier avec ses enfants et accompagné de Beate. Seule Annelise avait dû déclarer forfait, étant fatiguée par un nouveau bébé en cours d’élaboration.
Du côté Martin, il y avait les 4 sœurs (Ginette, Marie, Michelle et Jacqueline) et un frère (Henri). A quoi il fallait ajouter les pièces rapportées, les enfants, les amis… Au total une soixantaine de personnes que Michelle avait fait le pari (tenu !) de nourrir pendant ces deux/trois jours. Du côté Onimus, j’étais bien le seul avec Monique, Anne-Marie et Guy ayant fait défection.
La chose la plus frappante quand on arrive à Gellin, c’est la couverture en plaques de tôle ou d’ardoise qui tapisse les murs orientés au nord-ouest. Toutes les vieilles maisons et même l’église (pourtant construite en pierres de taille) possèdent une telle protection. On imagine alors la bise glacée qui descend la vallée en plein hiver, une bise chargée de pluie ou de neige, qui vient fouetter les murs et s’infiltrer dans le moindre interstice ! Quel pays ! Dans le chalet des Michel-le qui ne dispose pas d’une telle protection, on voit les traces d’infiltrations entre les poutres sur le mur ouest. Cette protection des vieilles maisons est une spécificité de la vallée de Mouthe, on ne voit pas cela ailleurs, comme à Ornans où nous sommes allés nous balader.
Vue sur Ornans (berceau de Courbet pour les connaisseurs).
Vue de la source de
la Loue
Le chalet des Michel-le tient plus du refuge que de la maison judicieusement dimensionnée qu’on peut imaginer pour un lieu de séjour permanent. Mais c’est un refuge délicieusement confortable où on imagine le petit-déjeuner sur la terrasse au soleil levant (en été bien sûr, en hiver il y a généralement une énorme congère qui bloque la porte). J’imagine les soirées au coin du feu en plein hiver quand la bise souffle dehors et que la neige fouette les petites fenêtres. Heureusement on a rentré suffisamment de bois dans le cageot à côté de la cheminée et il ne sera pas nécessaire d’affronter la tempête en pleine nuit pour traverser le jardin et atteindre le garage où se situent les réserves. De bonnes réserves d’ailleurs : il y a deux garages dont les murs sont entièrement tapissés de bûches. Avec Michel, j’ai rencontré le voisin avec qui il coupe son bois. Il est équipé d’un énorme tracteur et de tous les outils nécessaires pour couper des arbres, les tronçonner et fendre les bûches. Ce voisin est un natif du coin : il connaît tous les bons coins dans la forêt pour cueillir des paniers de framboises ou trouver les champignons du moment (des bolets en l’occurrence).
Evidemment la cuisine est un peu petite (un couloir sans fenêtre où on ne peut pas se tenir à deux), une douche réduite à son strict minimum et un seul cabinet. Dans ce cabinet il y a une pompe comme dans un bateau pour amener l’eau dans la chasse. Michel, dans sa recherche pour perturber le moins possible l’ordre naturel des choses, a imaginé recueillir l’eau du toit dans une petite citerne afin de l’utiliser pour les chiottes. Malheureusement cela ne fonctionne que trois mois par an quand la citerne n’est pas transformée en bloc de glace…
Nous avons pu apprécier l’efficacité du poêle du salon lundi matin lors d’une dernière petite réunion, Michel l’avait allumé malgré le dicton (nous étions encore en août) et il avait bien fait : il faisait 5° dehors…. Il y a aussi un autre petit poêle dans l’extension aménagée en bureau et chambre mezzanine. Mais celui-là est sans doute insuffisant parce que Michel a fait installer un climatiseur… ?! Si, si, je ne plaisante pas : c’est un climatiseur comme celui que Jean-Louis a installé au Tameyé ! Michel espère que la pompe à chaleur arrivera à pomper des calories dans l’air extérieur à –15° pour les transférer à l’intérieur (je reste un peu sceptique ?).
C’était peut-être pour amadouer Grand maman (qui détestait les forêts de sapins) que Michel a planté quatre mélèzes à l’entrée de son jardin. Etonnement ces arbres se sont plu à cet endroit et recouvrent petit à petit le chemin d’accès, octroyant ainsi une douche de bienvenue aux visiteurs qui se risquent à les déranger.
Les mélèzes à
l’entrée du chalet
Vue de la terrasse
(nord-est, du côté de la future maison)
Vue sur l’église,
avec le bosquet de mélèzes
Dans ce pays, le sport national est le VTT en été et le ski de fond en hiver (quoiqu’on voit des experts qui s’adonnent au ski de fond sur roulettes en utilisant les routes comme pistes). Pour être reconnu bon VTTiste, il est de bon ton de revenir le plus crotté possible. Pour cela le pare-boue est proscrit, ainsi la moindre boue vient vous fouetter le dos et dans les descentes des mottes vous arrivent dans la figure, projetées par la roue avant. Comme le pays est bien arrosé, il n’y a pas de problème pour trouver la boue nécessaire à ce parement… On m’a donc bien conseillé de prendre des vêtements capables de supporter un tel traitement.
Il faut dire que pour l’occasion Michel avait choisi une superbe balade de crête impossible à refuser. Il s’agissait de monter en télésiège au Morand et de là suivre la crête jusqu’au Mont d’Or puis de descendre et revenir directement à Gellin. Bon, l’utilisation du télésiège est discutable… La plus part des VTTistes se contentent de redescendre à toute allure sur les pistes de ski laissant des tranchées blanchâtres au milieu de la verdure. Mais je n’avais pas d’inquiétude : ce n’est pas le style de Michel ! Et effectivement la balade de crête s’est révélée splendide avec vue sur le lac de Genéve et les contours du massif du Mt Blanc qu’on devinait dans les nuages. Cette balade sympa ne m’a pas permis d’obtenir la parure de boue qui marque le vrai VTTiste, mais cela me convenait bien !
Cette partie de VTT était une des nombreuses activités concoctées par le triangle (Vinciane, Claire et Michelle). Il y en avait beaucoup d’autres et pour tous les goûts. La visite du Fort St Antoine (construit après la guerre de 1870) et transformé en caverne pour faire mûrir le comté permit de nous faire prendre conscience de l’industrie agricole locale. Le comté c’est comme le vin dans le bordelais, cela se mûrit pendant de longs mois (10 mois en moyenne), des goûteurs attitrés le palpent et le gouttent pour juger de son avancement avant la commercialisation. Les bonnes meules (entre 35 et 40kg) peuvent s’affiner dans les recoins les plus secrets du fort jusqu’à 24 mois. Conclusion : acheter du comté Petite avec une cloche marqué sur l’étiquette. C’est le top !
Il faut en venir au triangle, principal raison d’être de cette belle fête. Le mari de Jacqueline (le frère de Xavier Desmarquest, qui lui ressemble d’ailleurs) a symbolisé ce triangle dans un joli vitrail. Il a même associé des symboles avec les couleurs des morceaux de verre joignant chaque angle du triangle, mais je me contenterai de simplifier en notant que chaque angle comporte un nom et un chiffre. Les trois chiffres commencent par le nombre 23 et forment une suite arithmétique dont la raison est 23. Les trois noms sont Vinciane, Claire et Michelle. Merci aux mathématiques d’avoir permis cette coïncidence.
Une telle fête franc-comtoise ne pouvait pas se terminer sans un « rösti » accompagné par une saucisse de Morteau. Cette dégustation a eu lieu au restaurant « La Grangette » situé sous le sommet du Mont d’Or, restaurant dûment recommandé par Vinciane où elle a exercé pendant l’été les talents de serveuse avec l’objectif final de financer un périple au Portugal avec Mael. A cette occasion, Philippe m’a fait découvrir le Pontarlier, pastis local. Ce pays n’est peut-être pas aussi sauvage qu’on le pense, même si le Pontarlier se rapproche plus de l’Ouzo que du Ricard…
Table des enfants
On ne peut pas clore ces quelques impressions sans parler du rêve des Michel-le : la future maison ! C’est une hypothèse déjà assez avancée, des plans existent, le terrain est délimité. Il s’agit en fait de la colline au-dessus du chalet, un grand champ qui descend sur la terrasse au nord-est. La vue en haut de la colline est magnifique et Michelle a déjà choisi de positionner la cuisine avec une belle fenêtre orientée sur le Mont d’Or !
Rappel du site de l’ACMC (dont le webmaster est Olivier) : http://www.acmc-ong.net/index.htm